jeudi 27 octobre 2022

dans les hautes herbes

tu passes
des gris éteints des trottoirs
aux ors enflammés des paillettes
tu oscilles
entre ciels trop sombres 
et lumières aveuglantes

toujours
trop
vite
toujours
trop
haut

entre corps chauds
et cœurs froids

sourires figés
et obligés

°

pieds nus dans les hautes herbes
je suis entrée sous la couronne de l’arbre
ma tête dans l’ombre et le vert
j’ai tissé mon nid au chant des oiseaux

plus tard les nuages noirs
les vents violents et les pluies tièdes
balaieront comme chaque soir
les derniers rayons de soleil

pour l’heure mais plus pour longtemps
les milans noirs tourbillonnent
sans me voir

viens
je t’invite
partageons l’ombre douce
de nos poèmes chuchotés

de poème en poème

tu me poèmes
l’olivier noueux
et sa soif

l’eau tarie à son pied
l’eau tarie à ses feuilles

et l’or vert
malgré tout

tu me poèmes
les jeunes racines
pénétrant la terre
rouge sang
rouge vie
allant
puisant
l’eau-source en ton âme

je te poème
le lourd tapis de feuilles
crissant sous les pas

les cris des hirondelles

absents de mes cieux
emplissant les tiens

je te poème
la danse claire des étourneaux
le rai de soleil dilué
au travers des brumes

je te poème
l’absence du fils aimé de l’amie
enfui avec les hirondelles
et le soleil
en migration éternelle

de poème
en poème