mardi 3 avril 2012

Sur l'inertie du blanc

du ventre de quelle couleur suis-je née
noyée
de ce bleu de cobalt tournoyant
ou de celui presque noir
d’une nuit étoilée
dans quels méandres vers quel delta
quels sont les poissons
qui nagent dans mon courant
reconnaîtraient-ils ma voix
si je prononçais leurs noms
à travers quelle roche
sur quel minerai
mon eau
la même toujours
passe-t-elle
sans s’arrêter
jamais
combien de rencontres
combien
de corps engloutis
me faudra-t-il encore charrier
combien de larmes à diluer
d’amants à bercer
vers quels rapides
dans quel fracas
comment
refouler mes larmes
et porter encore
les eaux de ma peine
quelque part
entre ma gorge et mon ventre
priant encore de pouvoir contenir la crue
je suis perdue
dans un labyrinthe bâti d’encre liquide
je cherche sans le trouver le fil
ou les ailes
ou l’asile
je ne peux régurgiter les images
impunément
la compréhension naît quelque part
au milieu de mes entrailles
dans un fatras loin de ma tête
je regarde les mots droit dans les yeux
lorsqu’ils deviennent mouvements
sur l’inertie du blanc
je jette au loin les patronymes
pour élever à bout de bras les initiales

aux ondoiements de la tristesse
sous ma peau
je préfère ceux de la joie
bordant ce chemin

1 commentaire:

  1. Voyez-vous ça? Un ponton vers l'infini pour rampe de lancement. Dans l'élan s'imprégner du blanc matrice. Rejoindre tout là-haut les oiseaux que l'on sait hirondelles. Dans l'épure de ce mouvement, écrire pour inscrire la trace du vent, et pourtant ne rien perdre. Belle, ta nouvelle maison. P

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